54 LES SALONS DE 1903 filles, interrompue et dispersée par une bourrasque ? Soit l’un, soit l’autre, c’est un séduisant spécimen de l’art italien contemporain qui, à défaut de grandeur, a tant de finesse et de nerveuse ama-bilité. M. Albert Maignan n’a pas voulu, lui, faire un tableau aimable avec la Journée finie; — mines de la Loire. Il a voulu donner une note d’une grande énergie et montrer qu’il pouvait composer un tableau de la vie moderne avec toute sa puissance. La tentative était louable. Elle n’a pas complètement réussi. D’abord l’oeuvre est d’un type très connu et qui date de la période déjà assez lointaine des tableaux de travail, des vues de chantiers de toute sorte. Non que ces spectacles n’offrent un aliment superbe et encore excellent à tout artiste de bonne volonté. Mais c’est la manière de rendre ce spectacle qui date par trop dans ce tableau-ci. Puis le peintre avait à se mesurer avec le souvenir si lourd des oeuvres de ce genre qu’a données M. Constantin Meunier, et il était difficile de pousser aussi loin que le maître flamand la puissance d’ensemble, le détail typique et l’atmosphère poignante qu’il mit dans ses vues du Borinage, les plus âpres poèmes en prose qu’on ait faits sur ce thème et que l’on fera de longtemps. Enfin, M. Albert Maignan semble s’être plus passionné pour le point de départ de son tableau que pour son achèvement. De tout cela résulte une peinture assez juste de couleur, mais de peu de caractère. M. Louis Roger avait envoyé de Rome et expose de nou-veau ici un grand tableau, Histoire, des ouvriers pratiquant des fouilles dans la campagne romaine d’un bien plus grand accent, mais malheu-reusement bien sombre. Mademoiselle Hélène Dufau a voulu, elle aussi, à sa façon, exé-cuter une scène réaliste, avec une Partie de Pelote au pays basque. Cette composition en longueur, toute fourmillante de personnages, est amusante et juste dans son effet général. Il y a des types basques bien observés et indiqués spirituellement, sans appuyer. Un groupe de femmes, notamment, au premier plan, est bien marqué au cachet de cette curieuse artiste. Maintenant, est-ce dans son esprit une