TURQUIE Depuis tant de siècles retranchées derrière leur voile, les Turques formaient un troupeau Parqué et passif. Lm libérateur fut un soldat vIctorieux Mustapha Kemal. Aurès lem avoir arraché le vade, il leur a accordé, en molns de da ans. tous les droits de l’homme. Hélas I se multiplient.. qui se sont battues comme des lionnes. Os filles d’Ismaël s’on x I ,unr, SYRIE des pin-up girls et des stars. En Turquie les voiles sont tombés ; au:Japon les kimonos se font plus rares. On peut imaginer la victoire universelle de la confection et des recettes de beau té occidentales. Mais qui sait si, pour autant, les âmes auront changé ? Le bonheur à deux n’est plus leur rêve. Néanmoins, tout le monde féminin est en mouvement. Les femmes les plus arriérées rêvent du statut des Européennes ou des Américaines. Les femmes les plus évoluées, politiquement libres, ne voient aucune limite à leur affranchissement social ou sexuel. Est-ce en vue de leur bonheur — je veux dire t de leur bonheur en amour, d’un bonheur à deux ? Je ne le crois pas. L’idéal, souvent inconscient, qui les guide tend à une liberté personnelle, débarrassée de tout préjugé de sujétion amoureuse, liberté qui leur permettrait, le cas échéant, de retomber dans cette sujétion, mais alors volontairement. Encore des souvenirs et des exemples, tirés cette fois de la vie de nos contemporaines aux Indes. Elles ne se jettent plus, comme jadis, dans le bûcher funéraire de leurs époux. Cette coutume avait pris fin pendant la domination anglaise. Horrifiés, les Britanniques l’avaient interdite. Je ne pense pas que les épouses indiennes aient été jamais enthousiastes de cet ultime supplice, mais elles s’y conformaient, sous la pression des coutumes religieuses et sociales. Quelques-unes tentaient d’y échapper. Autour des bûchers veillaient souvent des parias ou des musulmans amateurs de belles femmes et qui les enlevaient avec leur consentement, pour la consternation des familles. Lors de mon récent séjour aux Indes, la presse fit grand cas d’une femme quis vait rejoint son défunt compagnon dans les flammes. Certains tenants de la vieille aristocratie brahmine furent les seuls à l’approuver hautement. Les femmes de l’Inde nouvelle haussèrent les épaules, plutôt qu’elles ne s’apitoyèrent. L’une me dit t « Aucune civi-lisation n’empêchera jamais le suicide des femmes amoureuses et désespérées. » N’empêche que des millions de veuves indiennes, ayant déserté le bûcher conjugal, vivent encore aujourd’hui dans une réclusion quasi totale, ne mangeant qu’une fois par jour, exécutant de durs travaux, véritables mortes vivantes. Des lois récentes pour le vote desquelles le Pandit Nehru jeta toute son autorité dans la balance, fixent maintenant le mariage à un âge raisonnable et autorisent le divorce. C’est dire que le mariage des fillettes est interdit. On sait que les parents hindous mariaient leurs enfants dès l’âge le plus tendre. Ceux-ci ne commençaient la vie commune qu’après la puberté. Mais si le garçonnet décédait auparavant, sa femme-enfant était considérée comme veuve et, bien que vierge, ne pouvait se remarier. Elle allait rejoindre la horde des mortes vivantes. Voici une statistique qui se passe de commentaires t au Cachemire, le recensement de 1921 dénombra 33 maris et 2 veufs âgés de cinq à douze ans pour 103 femmes et 6 veuves du même âge. Il décompta aussi 97 maris de douze à quinze ans pour 550 femmes et 54 veuves du même âge. Ces chiffres appartiennent au passé, mais à un passé encore vif. Les adorantes mises au pas. Avant d’en venir aux Françaises, je voudrais encore choisir, parmi mes impressions de voyage, quelques souvenirs-chocs, résultant de l’étrange coexistence décrite plus haut. Au Japon, Mac Arthur régnant, des milliers d’Américains, blancs ou noirs, firent l’intime connaissance de milliers de Japonaises. Celles-ci les séduisirent par une dévotion qui n’était certes point le fait des épouses américaines. Adorantes, tôt levées, tard couchées, discrètes — mais surtout adorantes — elles mirent en danger plus d’un ménage yankee. Alarmées, les épouses du Texas ou de l’Idaho traversèrent le Pacifique Pour reprendre leur place dans le lit conjugal. Une plaie pour l’Armée, soupirait l’empereur américain du Japon — alias Mac Arthur — que ces « wives ». Ce fut à mourir de rire. Les Américaines remirent les choses en place, non point en condescen-dant à la servilité domestique, mais en émancipant, par leurs conseils et leur exemple, ces femmes d’un autre âge les filles du Soleil Levant. Les légitimes de ces officiers et soldats des États-Unis, basés de Yokohama à Nagasaki, chez elles, n’avaient jamais eu de servantes. Elles firent tant et si bien pour leurs obéissantes domestiques nippones qu’à force de bas de soie, de layettes et de conseils d’hygiène, elles les débarrassèrent de leur ancestral complexe d’infériorité. Les maris japonais en demeurèrent pantois. Et moi, de même. En Chine, la Révolution de Mao bouleversa, pour le mieux, le sort de millions de Chinoises. De femmes plus belles, plus courageuses au travail, plus intelligentes que les Chinoises, il n’en existe pas au monde, sauf en France. Ces malheureuses n’en pouvaient plus de leurs conditions médiévales, décrites par Pearl Buck avec une sorte d’indulgence. Leurs maternités répétées, les durs travaux des champs (repiquage du riz, transport à bras des engrais humains, touage et halage des bateaux), l’escla-vagisme des belles-mères, leur pesaient lourdement. Lorsque je me trouvais à Kun-,„,„ 47