CELUI QUI DOIT MOURIR (A). Drame social français, d’après le roman de Nikos Kanantnaki Chris/ retrutilié (•).—Celfwe,- Bourgade grecque sous l’occupation turque, entre les deux guerres. Srpir – Conflit entre deux groupes de paysans grecs, ayant chacun à sa tête un pope comme chef spiri-tuel et temporel ; conflit à propos de terres incultes que les premiers refusent de céder aux seconds, bien que ceux-ci soient aux abois pour avoir tout perdu dans l’incendie de leur village par le fait de représailles turques; conflit fraticide allant jusqu’à la fusillade mutuelle… RÉALISATION – Dassin un sens certain du pittoresque, bien servi, d’ailleurs, par un paysage et une paysannerie de beaucoup d’allure mais des bottes de plomb. INTERPRÉTATION – Un très excellent plateau, bien méritant : Servais, Ledoux, Vaneck, Froebe, Aslan, René Lefèvre, etc. Plus l’étrange Molina Mercouri, au charme trouble et lascif. NOTE – Film intermi-nable, verbeux, grandiloquent, curieusement dépouillé d’atmosphère, malgré une belle photographie de Jacques Natteau saisissant fermement les collines âpres et désolées où évolue l’action, ainsi que la population autochtone si frappante qui l’anime. Cette indifférence ennuyée dont je n’ai pu me défaire vis-à-vis de ce film, pourtant haute ment dramatique — indifférence que je crois ne pas être le seul à éprouver, d’ailleurs ! tient-elle au fond ou à la forme ? A l’his-toire ou à la réalisation ? Aux deux, il me semble’ Sur le plan technique, Dassin ose parait très inférieur à son travail dans /a Cité sais voiles ou dans Die rififi chez les hommes. Ici sa main semble molle, se pensée diffuse, sa volonté languissante, incapables par conséquent de dominer vigoureusement la situation. C’est pourquoi ce film, essentiellement direct et brutal, semble paradoxalement mou, inver-tébré, confus, se traînant pesamment dans les pierrailles des collines, avec d’intermi-nables poses et de brefs éclairs de qualité. Évidemment, tout n’est pas systématique-ment mauvais dans cet ouvrage. Si Dassin n’est pas convaincant à propos du rapport qui est censé exister entre la passion du Christ et celle du berger simple d’esprit, devenu brusquement chef de clan ; s’il est encore plus diffus et insuffisant quand é s’agit de nous montrer le sourd travail intérieur conduisant d’humbles paysans à s’identifier moralement avec certains personnages de la Passion qu’ils sont chargés d’interpréter ; du moins Dassin sait-il cadrer avec majesté d’amples mouvements de foules, des défilés, pope et bannière en tore, une fête populaire dont la couleur locale est charmante. Pour être juste, il ne pouvait guère éviter le ridicule de ces paysans crétois, aussi loin de nous par l’apparence que des Papous, s’inter. pellant imperturbablement dans le français châtié et même littéraire d’André Obey ! Il n’y a pas non plus de sa faute si les acteur, français et allemands font le plus réjouissant contraste avec ces mêmes Crétois dans let rangs desquels on les a insérés — «Mine de rien r, dirait Adémai ! — affublés d’oripeau, idoines ! Imaginez-vous le comique de haut goût que constitue le nez en l’air, les yeux fureteurs, le grasseyement du « Parigot , René Lefèvre, promu arrière-petit-fils de Palikam et comme tel batifolant au milieu de ses frères de race ?… Un véritable « gag «1 Plus gênant que toutes ces faiblesses trie paraît l’esprit qui soufflesur ce film! En somme, de quoi s’agit-il ? De l’infâme conduite d’un village de « repus « refusant aide et assistance à des déshérités vend mendier quelques terres à cultiver pour nt pas mourir de faim et les laissant sereine. ment se livrer à leurs portes à ce passe. temps déprimant ! Deja écœurante en soi, cette conduite inhu-maine raffine encore dans l’ignoble par le fait que son instigateur est un prêtre : le pope Grigoris, qui me semble résumer en sa personne toutes les intentions du film. Autocrate de clocher, calculateur cynique et froid sous ses apparences hautement respec-