L’ART ET LES ARTISTES GUSTAVE COURI3ET — PAYSAGE qui lui valut la médaille d’or au Salon en 187o et qui porte le titre Le dentier Jour d’un Condamné. Pour qui connaît l’étude de tête faite pour L’Apprenti, rien d’étonnant à cette victoire. Le dernier Jour est la suite logique des résultats déjà atteints ici il a trouvé le chemin nouveau par lequel il peut se retrouver lui-même, à travers tous les tâtonnements, les essais, les recherches, les luttes où se perdent tant d’heures désespérées. Des riantes scènes de la vie de Dusseldorf son imagination le reporte dans sa patrie, où il se heurte à un triste souvenir d’Arad. La figure du bandit prisonnier, à son dernier jour, étreint par la peur de mourir, reparaît dans son imagination. Et sa grandiose vision, il a pu l’exprimer en sau-vegardant le principe de l’unité de ton. Sur le fond de bitume riche en tons chauds, vibrent des scintillements fins et comme veloutés qui harmonisent la noblesse des couleurs dans une sonore unité. Non pas toutefois avec la manière si violente de son maître Courbet les spectateurs sentent bien qu’ils se trouvent en face d’un artiste capable d’embrasser un ensemble, et chez qui toutes les expériences de ses prédé-cesseurs se trouvent rassemblées, mais diffé-rentes de sentiment, épanouies d’expression et ennoblies dans l’harmonie. Et c’est avec la plus grande sincérité que Courbet et ses amis applau-dirent à ce triomphe. Pendant que Munkàcsy travaillait à Dusseldorf, Courbet, pour remercier le roi de Bavière de la décoration qu’il en avait reçue, arriva à Munich où on lui donna une salle particulière à l’Exposition internationale et ses oeuvres firent une grande impression sur les jeunes artistes, Leibl et Szinyei. Courbet vit immédiatement qu’il y avait une grande parenté entre ses sentiments et ceux de ces jeunes gens, il fit devant eux une académie et un paysage et parla beaucoup de ses principes. Enthousiasmés, ils délaissèrent l’atelier de Pilotv et la vie de Leibl fut traversée par un événement très marquant. De la part de Français de l’entourage de Courbet, on lui proposa, de façon tout à fait inattendue, d’aller à Paris pour y faire le portrait de il »‘Laux, qui était elle-même une femme-peintre, et d’y exposer le portrait de M » »’ Gedon. Il s’empressa d’accepter une proposition aussi 28