LA PEINTURE FRANÇAISE ISs MEC,. E 11. faudrait remonter jusqu’aux grands 1 jours de la Renaissance italienne pour retrouver une période d’art aussi complexe, aussi intense et aussi touffue que celle qui correspond au xixc siècle. Depuis son aurore. c’est Louis David (Paris 1748-Bruxelles 1825) à qui échut le rôle de grand initiateur. Il est vraiment le père de l’art au xixc siècle. Car c’est de son enseignement que se formèrent les courants qui vont féconder l’art moderne. David obtint le grand prix en 1774 et suivit à Rome son maître, Vien. qui venait d’être nommé directeur de l’Académie de France. Le séjour de Rome paracheva son éducation et ses dispositions naturelles. Il s’imprégna de cette atmosphère d’antiquité qui s’exhalait de ce centre actif d’érudition, développé par réaction contre la manière et l’affaiblisse-ment de l’art. Aussi, dès 1783, à Rome même, où il commence son tableau des Horaces. inau-gure-t-il la révolution esthétique que son maitre avait été impuissant à accomplir. L’apparition de ce tableau au Salon de 1785 fut un événement capital. Dès lors l’art mo-derne était constitué sur de nouvelles bases. Aux Horaces succédèrent Brutus (17891. Pâris et Hélène, la Mort de Socrate, qui confirmèrent ce nouvel idéal. Mais la Révolution allait éclater. David devait y jouer un rôle actif. Attaché au parti de Robespierre, il en subit les vicissitudes. Les évé-nements, toutefois, donnèrent à son inspiration un élan nouveau. Seul parmi les artistes, il fut à leur hauteur, sentit l’extraordinaire grandeur de ces temps troublés et tenta de les exalter par son pin-ceau en des images à la fois concrètes et symbo-liques. C’est à ce sentiment d’ardeur révolution-naire que l’art doit les figures de Le Peletier-Saint-Fargeau. de Bara et surtout de Marat, dans sa baignoire après le coup fatal porté par Charlotte Corday. Mais son génie réaliste, de volonté, d’ordre, de méthode et de raison allait trouver des occasions exceptionnelles de s’exercer sur des réalités extra-ordinaires et sur le plus extraordinaire héros qu’ait fourni l’histoire des temps modernes. Le premier consul, devenu l’empereur, comprit ce qu’il avait à attendre de David pour célébrer ses exploits. A côté du courant purement antique et anthropo-morphique qu’il avait relevé et qu’il continuait à étendre depuis lesSabines jusqu’au Léonidas, David fut donc entraîné par Napoléon à créer un large courant histofique essentiellement contemporain. Musée du Louvre. PIERRE PRUDHON — ENLEVEMENT DE PSYCHE Le Couronnement, la Distribution des A igles, accompagnés de tous les admirables portraits qu’il exécuta vers ce temps sont à la fois des documents historiques de premier ordre, et peuvent être classés, pour le premier assurément, parmi les plus gran-dioses représentations de l’art moderne. L’influence exercée par David fut universelle, elle se marqua profondément sur toutes les écoles de l’Europe. Exilé en 1816 par le gouvernement de la Restauration, il finit ses jours à Bruxelles en 1825. Ses principaux élèves vont continuer son oeuvre, chacun dans un sens très différent. L’un, Girodet (Aimé-Louis Girodet de Roucy, qui ajouta à son nom celui de son père adoptif Trioson) 1767-1816, esprit lettré, érudit et poète à ses heures, repré-sente tous les travers mais aussi toutes les qualités de son époque. Il est poursuivi par l’idée du beau absolu et il sacrifie étroitement aux canons de l’antique, mais il est sensible aux beautés de la nature, aux effets mystérieux du clair-obscur, aux sentiments nouveaux exprimés par les poètes et son œuvre révèle toutes les préoccupations de son temps. Ce classique impénitent est, au fond, le premier des romantiques. Le Sommeil d’Endy-mion (17921 est antérieur au chef-d’oeuvre de Prud hon. Un autre des élèves de David, le baron François Quatrième article de La Peinture française » 3