LA PEINTURE FRAN( â ISE qu’il a été le guide des grands lumi-nistes de notre temps, le maitre de Turner et l’annonciateur de Corot. Poussin est, lui aussi, certes, un grand paysagiste, mais Claude Lor-rain a plus de sensibilité, de spon-tanéité, de délicatesse dans les rap-ports et dans les accents. Il est né à Chamagne, au bord de la Moselle, en t66o, d’une famille des plus humbles. Comme il avait la tète dure et qu’il apprenait diffi-cilement, on le mit de bonne heure en apprentissage chez un pâtissier. Devenu orphelin, il fut recueilli à onze ans par son frère aîné qui exerçait la profession de graveur sur bois. C’est là qu’il prit ses pre-mières notions de dessin. Esprit contemplatif, il goûtait beaucoup les spectacles de la nature environ-nante. Un de ses parents qui se rendait à Rome pour ses affaires, passant chez eux, s’intéressa au garçon et l’emmena avec lui pour qu’il put étudier là-bas avec plus de fruit. Le voilà donc en Italie. Il va à Rome, puis à Naples, travaille avec quelques peintres obscurs, près de qui il est autant élève que domestique; il a quelques travaux, mais perd ses protecteurs, revient en Lorraine (1621), où il est em-ployé à la Cour de Charles III. Pourtant il a la nostalgie de Rome, il y retourne et n’en revient plus. Il s’y fit quelques bons amis parmi les artistes. Il eut bientôt une grande réputation, et on se dispute ses toiles exécutées soit aux en-virons de Rome, à Tivoli, Frascati, Subiaco, soit à Naples, où il a puisé la plupart de ces sujets maritimes qu’il a affectionnés. Il travaille beau-coup sur nature et se sert de ses études pour ses grandes compositions où, suivant la mode du temps, mais sans grande conviction, il prend prétexte de sujets plus ou moins dramatiques ou historiques. Il a gravé une trentaine de belles eaux-fortes. Ses premiers paysages datés sont de 1639. Il a peint comme sujet des épisodes de la Bible ou des Evangiles, des scènes historiques prises dans l’antiquité ou des mythologies et quelques épisodes de la vie villageoise. Tous les grands musées d’Eu-rope gardent jalousement ses oeuvres. A Dresde, on admire La Fuite en Egypte et Polyphème; à l’Er-mitage une douzaine de tableaux parmi lesquels Le Matin, un des plus célèbres; à la National Gal-M wée do Louvre. ANTOINE ET LOUIS LE NAIN — LA FORGE lery, de Londres, il y en a une dizaine, parmi les-quels on remarque surtout L’Embarquement de la Reine de Saba. Au palais de Buckingham est l’ad-mirable Enlèvement d’Europe. Le Louvre possède seize toiles de ce maître, entre lesquelles il faut admirer Le débarquement de Cléopdtre, exécuté vers 1647, un de ses chefs-d’oeuvre. * * Entre ces maîtres de premier rang circule avec adresse, imitant les uns et les autres avec une habi-leté surprenante, Sébastien Bourdon, de Montpel-lier (1616-1671), qui a produit une œuvre consi-dérable : décorations, sujets religieux, et aussi petits sujets épisodiques : Halte de Bohémiens (musée de Montpellier); Soldats jouant aux Cartes (musée d’Aix); Routiers attaquant des Voyageurs; Intérieur d’Hôtellerie, etc., etc., dans lesquels il s’est montré plus personnel. Ce sont des sujets de la vie réelle empruntés à l’inspiration des Flandres. Il fait exception dans 123