L’ART DÉCORATIF-à la différence de trop d’autres, il a quelque chose d’autre que le métier à montrer. De ses paysages bretons se dégage une expression très intense, surtout des vues de falaises, de grèves, de villages au crépuscule. C’est par les ciels gris, la lumière terne, le soir venant que M. Gaston Prunier aime voir et à nous montrer la nature ; toute la tristesse, tout le gris de ces ciels est dans ses cadres. On la retrouve encore dans ses vues de Paris, des démolitions de Mazas, de la Cour des Comptes, de la rue de Vanves, des carrières de la banlieue dans les champs vagues, toutes scèneries tristes vues par les temps et aux heures tristes, dont l’artiste extrait comme la quintescence de mélancolie. En même temps que les aquarelles de M. Gaston Prunier, l’Art Nouveau expose une série de tableaux de Mlle Alice Mumford, la plupart des portraits, dans lesquelles on retrouve tous les charmes, et aussi les mièvreries de l’école de Whistley sous Pembrumage à la mode du jour. Nous venons un peu tard pour parler de l’expo-sition d’œuvres de l’enlumineur Marcel Lenoir chez l’éditeur Arnould, le mois dernier. Il y a du dessin, de la couleur, des trouvailles d’arrange-ment dans ces compositions décoratives, ce n’est pas rceuvre du premier venu. Mais que c’est litté-raire! Trop de symboles, de paraboles, d’hyper-boles ! Qu’un peu moins de Tolstoï et un peu plus de joies de la vie feraient mieux notre affaire ! Enfin, annonçons que l’exposition du Castel-Béranger de M. Guimard, au Figaro, est prolongée jusqu’au 20 mai. NOS ILLUSTRATIONS La place a manqué dans nos premières pages de texte pour dire quelques mots de la salle manger représentée par ce numéro. C’est celle de M. H. Bruckmann, éditeur du Dekorative Kunst à Munich. Elle a été exécutée à Munich même, sur les dessins de M. Mackintosh, de Glascow, et de Bertsch, de Munich, pour la table et les chaises. L’ensemble offre un spécimen typique d’une des formes de l’art domestique moderne, confortable sans fausse recherche, distingué sans faux luxe. ICONOPHILIE Affiches nouvelles Motocycles Comiot, par Steinlen. — Chalet du Cycle et Les trois Quartiers, par René Péan. —Salon des Cent, par Firmin Bouisset. Livres et Albums Le graveur Pierre Vidal vient d’illustrer un superbe ouvrage, La Vie à Montmartre, sous couverture lithographique. Un jeune artiste italien nouvellement installé Paris, M. Cappiello, va faire paraître aux éditions de la Revue Blanche un album de caricatures-aquarelles, intitulé Nos Actrices. Cartes postales La Parisienne aux différentes époques, par Jack Abeille. — Deux eaux-fortes, par Mlle Formste-cher. — Luté,. — La Vie parisienne. — Histoire d’un crime (2′ série), par E. Couturier. — Les Maîtres de la Carte postale ::2° série), par douze artistes nouveaux, avec aquarelles et cartes-spé-cimens. (Publication trimestrielle, 50, boul. Latour-Mau-bourg, Paris.) L’EXPOSITION DE 1900 LE GRAND PALAIS Une centaine d’ouvriers travaille en ce moment a sculpter les motifs d’ornement du Grand Palais des Champs-Élysées qui sera Pceuvre principale de l’Exposition de 1900. Au moment on va s’achever le gros œuvre, il est intéressant de dire comment les trois architectes désignés par le concours se sont réparti le travail. La façade sur l’avenue centrale l’avenue Alexandre III comme on l’appelle déjà —, la grande colonnade, les galeries et principales salles d’exposition sont de hl. Deglane. Les salles d’exposition sur le Cours-la-Reine, le grand salon central et l’escalier d’honneur a. double révolution sont de M. Louvet. Enfin le hall circulaire, les galeries et petits salons où figurera l’expoSition rétrospective des Beaux-Arts depuis le début du siècle, sont de M. Thomas, ex-architecte du Palais de l’In-dustrie. Tandis qu’une arillée d’ouvriers travaille aux deux Palais, une équipe de sculpteurs a attaqué les ouvrages décoratifs qui orneront les pilones d’entrée du pont Alexandre III. PORTE MONUMENTALE Parmi les monuments nouveaux dont l’Exposition va nous gratifier, la porte monumentale du Cours-la-Reine est certainement celui qui aura eu le plus de vicissitudes et l’un de ceux dont on parlera le plus, après les grands palais des Champs-Elysées. Commandée, décommandée, puis admise, elle a eu les honneurs de la reproduction sous divers aspects. Nous avons tenu a examiner la maquette définitive et à voir l’état des travaux. Nous pouvons dire que M. Binet aura surmonté bien des difficultés. Pour l’instant il doit détourner un égout malencontreux et cela n’est pas fait pour gaîrner du temps. IT.a maquette de la porte est excessivement curieuse comme ingéniosité et réunion des styles les plus divers. Quoique l’ensemble soit loin d’être homogène, on ne peut que trouver amusant le résultat d’une collaboration multiple où de tout jeunes gens ont donné libre cours a leur fantaisie. La combinaison îles sorties, en couloir sou-terrain passant sous les guichets de l’entrée, cons-tituera à elle seule une attraction, si l’idée est mise à exécution. Mais tout l’intérêt résidera, dit-on, dans le mode d’éclairage de cette porte monu-mentale; M. Binet a fait appel aux derniers progrès de l’électricité et a imaginé de consteller le monu-ment de milliers de petites cloches de verres de couleurs renfermant des lampes à incandescence ; d’autres globes de verre savamment disposés feront l’office de miroirs et, nouvelles planètes, rendront la lumière émise par les lampes étoiles. Dans l’esprit des auteurs, les visiteurs auront le soir l’illusion de passer sous la porte étincelante d’un immense feu d’artifice. f/5 FIND ART DOC