rio, une lumineuse échappée éclate : aperçu de la lagune, des îles baignant dans la clarté, de l’espace libre. Il y a là tout un domaine d’ad-mirable et unique mélancolie, dont bien des pages de peintres contem-porains ont su nous rendre toute la substance. A côté de la léthargie des canaux se présente le pittoresque divers des calli, des ruelles exiguës embrouillant leur labyrinthe, tout en angles et en détours, sans cesse coupées de ponts. Les pas résonnent sur les dalles, les murs semblent prêts à se refermer sur vous ; et dans ce bref espace, profitant du moindre élargissement, les étalages de fruitiers trouvent la place de ré-pandre tout leur ruissellement de to-mates, d’aubergines, de figues violettes crevant leur peau, d’oignons tressés en corde dans leur capsule de cuivre rouge. Cette couleur luisante des fruits envahissant la rue, c’est une des joies des flâneries de Venise. Puis soudain, les maisons s’espa-cent : c’est une petite place, — un campo, — qui se dessine, plus ou moins r F. MAILLALID Gondole (‘■ FIN ART DO