L’ART DÉCORATIF Bouche r de Monti-celli , de Banvilleet deVerlal ne aussi, élé-gant, min-ce, soyeux et tendre, s’est déci-dé à s’exi-ler des bosquets, des fontaines, des parcs où s’était jadis réfugiée sa rêverie, et qu’il s’est tout entier confié aux nuées azurées où se dérobe l’immortel paysage de l’Embarque-ment pour Cythère, comme si la laideur ou la névrose du siècle nécessitait enfin cet évanouissement suprême: Mais ce sont bien nos frères quand menue, ces êtres impondérables et capricieux. Ils flottent, délivrés, mais ils ont gardé les traces de nos souffrances. Voyez leurs mains crispées, nerveuses, avec des doigts sans cesse ouverts pour saisir et retenir, voyez 6 leurs visages, où brûlent des yeux passion-nés, où les sourires saignent; il n’y a pas cela datas les maîtres du XVIII° siècle. L’homme qui a peint ces créatures s’est souvenu de la souplesse des danseuses es-pagnoles, de la svelte musculature des acro-bates américaines, de la grâce provocante des filles de la haute galanterie, de la beauté étrange des visages apparats dans les alternatives de clartés et de ténèbres des sor-ties de bal, ou des faces pâles, nimbées de chevelures, fumées d’or pâle, presque dia-phanes datas la lividité des fanaux élec-triques. C’est de tout cela, et du moder-nisme aigu des scènes de skating, de palais de glace, de concerts, de bals masqués, de tout cela et du sourire pervers ou bizarre de la mode, que le génie de Chéret a imbu les regards, les lèvres, les attitudes de cette foule inquiète et délirante qui flamboie, tournoie, s’élance, palpite, miroite et se dé-robe dans les vapeurs d’un vaste embrase-ment l’encens même de la joie moderne brûle en son oeuvre vers l’impassible bon-