JANVIER 1902 La France possède des revues de modes que le monde entier lui envie sans parvenir à les imiter. La Mode Illustrée compte parmi les plus importantes et les plus appréciées ; elle entretient chez sa clientèle un courant d’idées favorable au développement du goût en matière d’élégance, de savoir-vivre mondain et même de beaux-arts ; et ses conseils sont très écoutés, si l’on en juge par les résultats du concours d’abat-jour ouvert récemment par ce périodique entre toutes ses abonnées. L’exposition qui a suivi nous a révélé un nombre presque incalculable d’artistes-ama-teurs, parmi lesquels il en est une dizaine d’inté-ressantes. C’est un succès. E. S. Un petit groupe d’anciens élèves de l’École régionale des Beaux-Arts de Rouen, tout im-prégnés de l’esprit nouveau qu’y a introduit le distingué et convaincu directeur V. Lelong, vient d’exposer au jugement direct du public diffé-rents essais d’eeuvres décoratives. Modèles d’étoffes et de accables, projets de bijoux et d’éventails, ornements libresques, car-tons de vitrail, dessins d’affiches, etc., tout cela conçu suivant les formules modernes, consti-tuaient l’exposition de ce jeune syndicat ouvrier, d’art, qui ne demande qu’à travailler, et pro-voque les commandes. MM. Lecomte frères sont d’une ingéniosité féconde l’invention ne leur fait défaut, ni dans les papiers peints et étoffes d’ameublement, ni dans les petits accables (vitrine, étagère) et les boucles de ceinture ; leur pinceau est vigoureux d’ailleurs et se plais aux lignes comme aux tona-lités énergiques : il s’assouplit dans les ornemen-tations de reliure et d’album, joliment aménagées et présentées, et devient plus gracieux encore dans la composition d’un éventail en dentelle blanche, d’inspiration simple et charmante. Les dessins d’étoffes de M. Georges Bradberry, faits de colorations beaucoup moins accentuées que ceux de ses camarades, séduisent par leurs teintes à la fois nettes et fines, autant que par la clarté de lette facture : ils indiquent la vision d’un homme du Nord — niais du Nord de la France, où la ■■ tendresse » des couleurs n’est pas encore, cuisisse dans le Nord anglais ou scandinave, estompée par les fréquents et mo-biles brouillards. La planche de motifs typogra-phiques lettres ornées, culs-de-lampe, enca-drements, ex-libris, témoigne d’une entente indis-cutable de ce genre très spécial. Je reprocherai quelque lourdeur au grand miroir de M. Charles Duhamel, dont le cadre en étain se découpe en ciselures trop cherchées, et à la glace à main en argent émaillé, de fac-ture plus déliée ce sont, toutefois, des morceaux de valeur et de promesse, ainsi que la lampe de bronze du même et consciencieux exécutant. Voici de M. G. Gosselin un meuble d’encoi-171 gnure, un vase à fleurs, un miroir à main très travaillé (au verso, tète de femme égyptienne) de conception riche, un peu touffue, enfin des modèles de bracelets, face à main, fermoirs de réticule, bagues qui indiquent une main alerte, interprète d’un esprit solide et réfléchi. La manifestation ,■ de ces débutants déco-rateurs, annoncée par une pimpante affichette en trois couleurs, se complétait par trois numéros du jeune dessinateur-lithographe, dont cette estampe porte la signature, M. Georges Paulme: un projet de vitrail pour hall, antichambre, fixant en des lignes bien caractérisées la silhouette de deux Parisiennes, à grands chapeaux et ombrelles, et dont les amples traînes de robes se raccordent au décor vert et rouge de l’en-semble ; un petit modèle de paravent à trois feuilles, à fond d’azur traversé de nuages et de vol de canards, dans le bas duquel des enrou-lements de vagues à franges d’écume bercent des poissons aux roses écailles ; enfin une affiche — bien affiche — de style coquet et franc, où une figure de femme en toilette blanche, d’une actualité qui n’exclut pas la fantaisie, se détache en relief sur des rouges et des jaunes vifs. Cette petite exposition de jeunes atteste chez eux des qualités de dessin, de composition et de coloris évidentes, et an sentiment personnel qui se dégagera et s’affirmera demain. ADAMI, CARPEAUX vient de faire à la Ville Mde Paris, qui l’a accepté avec reconnais-sance, un cadeau magnifique. Elle lui a donné un groupe monumental, ou plutôt un projet de groupe monumental, exécuté par Carpeaux lors du concours qui avait été institué pour élever un monument à la mémoire du maréchal Moncey et en souvenir de l’héroïque défense de la barrière de Clichy. Carpeaux faisait partie du jury de ce concours, et il voulut, pour son plaisir, et aussi pour éclairer son jugement, composer lui-même un groupe. C’est une oeuvre merveilleuse de vie et de mouvement et pro-fondément émouvante. ALILLE, aise exposition internationale, — première du genre, — sera tenue de mai à septembre prochain. Installée sur le Champ-de-Mars, ses construc-tions et ses jardins couvriront une superficie de 15o,000 mètres carrés. Une galerie de 600o mètres sera réservée à la mécanique. L’Exposition internationale de Lillecomprendra, notamment, une classe de décoration, mobilier et accessoires. Toutes les adhésions et demandes de renseigne-ments doivent être adressées au siège de l’Admi-nistration de l’exposition, 35, rue Nationale, à Lille. • FIND ART DOC