L’ART DÉCORATIF sufflées au pulvérisateur cette matité qui con-vient si bien aux statuettes, cette finesse d’émail qui laisse sensible les moindres accents du modelé, et il a de plus obtenu des tons gris, roses ou nacrés, d’une qualité rare de matière, comme il en fallait pour rester dans le senti-ment de ces ravissantes filles-fleurs du sculpteur. Même il a cherché à les rehausser d’émaux d’or au moufle, non comme les terres cuites entière, ment dorées d’Éphèse, mais seulement de quel-ques notes sur les reliefs des étoffes, ce qui leur donne un attrait nouveau de richesse et de dis-crétion tout à la fois. Ainsi André Methey s’est montré non seulement céramiste habile,. encore artiste d’un goût sûr dans l’interprétation des statuettes exquises du sculpteur. Sèvres également a voulu acquérir quelques modèles de Louis Dejean, et traduites de la sorte, ses figurines, au lieu d’habiter comme leurs soeurs aînées de Tanagra les tombes silencieuses, viendront peupler nos demeures, petites femmes d’étagère ou de vitrine d’un art infiniment pré-cieux. Louis Dejean a voulu sculpter aussi le nu. Il n’est pas seulement ému devant le mystère du personnage vêtu ; il l’est de même devant la beauté de la chair dévoilée. Là aussi, il veut exprimer la floraison merveilleuse du corps baigné de lumière, mais, ainsi que dans ses bustes et plus encore que dans le costume, il a à se défier du désir de sacrifier la justesse de la mise en place à l’agrément de la couleur. La ligne de cette jeune femme couchée est peut-étre trop hésitante malgré le charme subtil qui s’en dégage, comme d’autres nus d’une blondeur extrême. Il fait sourire aussi des têtes d’adoles-cents, car son art est tout sourire; il saisit le caractère vrai d’une tète de vieille femme avec la bouche mince et les yeux plus noirs ; il fait émerger du marbre, comme semblant sortir à peine de la terre, une face de faune où l’intelligence se mêle à la convoitise du plaisir; il allie la fermeté à la douceur dans le portrait solide du graveur Laval, car c’est toujours cette douceur des ombres qui reste sa qualité dorai. nante, alliée à la poursuite de la vie. S’il a pris l’art de Tanagra pour guide, ce n’est pas pour le copier servilement il a compris que le véritable moyen d’imiter les antiques, c’était justement de regarder la vie. Il l’a fait en mo-delant ses délicieuses figurines en robes remuantes; il le fait devant la troublante beauté du nu. Il n’a pas laissé obscurcir ses qualités naturelles de délicatesse par des enseignements faux ; sa vision très subtile d’artiste a gardé sa fraîcheur devant la variété des êtres ; essentiellement sculpteur, il est surtout épris de la qualité formelle des choses, et c’est cela, ce désir infini de traduire par l’argile ou le marbre une sensation ressentie devant la réalité séduisante, qui fait naturellement de I OUM Me. FIND ART DOC