L’ART DÉCORATIF progrès en art,,, M. Arsène Alex:1111-c n’a pu vouloir dire, évidemment, qu’on prétende que la machine puisse devenir une source nouvelle d’inventions pour l’artiste. Personne ne pense celai, et si j’évoque une telle supposition, c’est pour l’écarter aussitôt et limiter le terrain du débat. Les industries mécaniques contribuent à répandre les mauvaises formules en grand nombre, dit M. Arsène Alexandre. C’est vrai ; il serait même encore plus juste de dire qu’actuellement, la plupart n’en répandent pas d’autres. Pour-tant, deux ou trois entre elles font exception. Fri examinant ce qui se passe dans celles-ci, nous obtiendrons peut-être quelques indications. L’imprimerie, avec des moyens mécaniques qui ne différent pas très-sensiblement de ceux d’il y a vingt ans, a subi depuis ce temps une grande transformation. La morne banalité d’autrefois a fait place à mille oeuvres char-mantes dans l’illustration, la couverture et le titre du livre, l’affiche, le pro- spectus, la carte d’invitation, le programme, la partition musi-cale etc. Même dans les publi-cations à bon marché • tirées par grandes quantités, il est devenu commun d’introduire des déco-rations donnant à ces humbles marchandises une certaine valeur d’art: l’écrivain distingué que je contredis ici le reconnaît, quand il intercale dans son article, con– sacré aux oeuvres de George Auriol, des reproductions de la couverture de la «Lecture pour tous,’ et de l’entête de la «Revue encyclopédique’, dessinées par cet artiste exquis. Bref, au point où l’imprimerie et l’industrie des éditions sont arrivées, on entrevoit le jour oit la moyenne des produits, au point de vue de la satisfaction de l’esprit et du plaisir des yeux, sera tout à fait satisfaisante. Pour quelles raisons a-t-elle pris les devants à ce point de vue sur les autres industries ? Ses procédés mécaniques sont-ils capables de reproduire l’oeuvre de l’artiste avec plus de facilité, ou avec plus de perfection que les leurs? Non. Toutes les industries possèdent des procédés par lesquels elles établissent le matériel nécessaire à un travail déterminé non moins aisément que le clichage prépare la re-production graphique; voilà pour la facilité. L’héliographie affaiblit le modelé du dessin, la typographie altère la netteté des lignes, les tirages en couleur ne donnent qu’un à peu près, voilà pour l’exactitude. lin somme, pour l’exécution du travail artistique, l’imprimerie ne vaut ni plus, ni moins que vingt autres in-dustries. La vraie raison de la beauté relative de ses produits, c’est que l’oeuvre habituelle du peintre-dessinateur s’adapte d’elle-même à la matière, au but, aux convenances, au rôle de l’objet imprimé. L’ordinaire conception de l’art dans l’objet, aussi bien par l’artiste que par la foule, c’est-:o-dire la figuration, est à sa place dans celui-ci. Entre l’imprimé d’une part, et, de l’autre, la figuration de son sujet ou la fantaisie picturale ou graphique dérivée de ce sujet, il y a un rapport si naturel et si étroit, que le jour où l’on a voulu étendre l’art aux objets usuels, son mode d’introduction dans l’imprimé était trouvé d’avance, sans erreur possible. On ne pouvait s’égarer, lui appliquer des conceptions décoratives qui ne lui séaient point, comme c’était et c’est encore le cas pour la plupart des autres objets usuels. La manière d’être beau pour l’imprimé, c’est la belle lettre et la belle image, c’est-à-dire une oeuvre de peintre peignant; le décorateur existait, et l’on n’avait à lui de-mander que de faire là ce qu’il faisait tous les jours ailleurs, de penser comme il était accoutmné de penser. Ensuite, le concours de l’artiste pour l’embellissement de l’im-primé était indispensable, forcé. Le dessinateur industriel, auquel les autres industries se remettent, • ne sait pas composer suffisam-ment bien la figure, le paysage pour que l’imprimeur ou l’éditeur pussent se servir de lui. Il fallait s’adresser à de vrais artistes. La situation s’est donc posée d’emblée comme ceci: absolue né-cessité de l’appel direct de l’industriel à l’artiste: principe de la beauté — la figuration picturale évident dans l’espèce, et rentrant dans l’ordre habituel de conceptions, dans les in-stincts de l’artiste. C’est-à-dire les conditions nécessaires du succès. Le succès est venu. Eh bien, ce qui existe dans l’imprimerie sera possible dans les autres industries, et se fera de soi-même connue il s’est fait dans celle-là, le jour où l’on aura pris la peine de déter-miner en quoi doit consister la beauté de chaque sotte d’objets. Car la raison pour laquelle elles ne produisent que des objets laids, c’est que ni les industriels, ni les artistes, ni personne n’est fixé sur ce point; que l’on en est encore — les artistes les premiers — à chercher la beauté de la plupart des objets dans des con-ceptions qui ne leur sont point applicables; qu on veut absolument introduire dans chacun BOUCLE DE CEINTURE EN MÉTAL BLANC fr 501 e 186