LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXÉ sont exposés les Nattier). puis, en retour sur la façade, la chambre du prince, avec ce qui reste des belles boiseries de Ver-berelit à motif de » dauphin », et la mer-veilleuse cheminée de Caffiéri. Ensuite, fut rouverte la galerie basse où ont été exposés assez longtemps, avant la guerre, le grand portrait de Marie-Antoinette et son armoire à bijoux (maintenant re-montée dans la chambre de la Reine, au premier étage) ; actuellement, la présen-tation est bien mieux appropriée à un décor (le galerie — décor factice, il faut le dire, puisqu’il s’agit ici de l’ancien » petit appartement » de la Reine (où habitaient ses enfants avec leur gouver-nante), et que l’on confond trop souvent avec les » Cabinets » de la Reine, au pre-mier étage et sur cour. Ceci fait, M. de Nolhac avait aménagé les appartements qu’occupa, pendant un temps, Madame Adélaïde (avant qu’elle ne montât au premier étage, sur la cour de marbre), et Madame Victoire, qui possédait le beau salon d’angle, en face l’allée d’eau qui conduit au bassin de Neptune. C’est là qu’on peut admirer maintenant les por-traits, par Mme Labille-Guiard, des deux filles aînées de Louis XV, non pas idéa-lisées, comme faisait Nattier, mais sous leur rude aspect de vieilles filles autori-taires. Un autre salon fait suite, en retour, sur le parterre du Nord, et l’on y voit de belles portes sculptées et quelques re-marquables restes de la décoration pri-mitive. Là s’arrête actuellement la visite du rez-de-chaussée, et l’on doit encore, en cet automne de 1920, retourner sur ses pas. au lieu de poursuivre jusqu’au vestibule de la chapelle. Mais nous avons eu la faveur d’exami-ner les travaux en cours dans les salles qui restent à ouvrir (le ce côté. C’est l’ancien appartement que Mme (le Pompadour. lasse des escaliers interminables qui con-duisaient au loge ment (les maîtresses du roi, sous les combles, avait fini par obtenir de Louis XV. Les salles sont de dimen-sions superbes, et qui le seront plus en-core quand auront été reculées les cloi-sons établies devant les murs du fond, par ordre de Louis-Philippe. Ce souve-rain, bien intentionné sans doute, mais d’un goût artistique extrêmement dis-cutable, a saccagé sans vergogne à l’inté-rieur du château : mais il l’a sauvé, en somme, en le dénaturant partiellement ; l’institution du Musée historique fut l’unique sauvegarde d’un édifice menacé de désaffectation et même de démolition. L’architecte du château retrouve les proportions anciennes, reconstitue les stucs des corniches, applique aux murs les quelques boiseries sculptées que l’on a pu retrouver, rétablit les portes ma-gnifiques : il y a là le salon de la mar-quise, sa chambre (qui ouvre (le plain-pied sur la terrasse), et une vaste galerie divisée en trois sections par des colonnes de marbre rouge. La dernière salle est particulièrement curieuse : ses murailles portent les traces, bien effacées, d’une riche décoration (lu temps de Louis XIV, peintures à compartiments, caissons, feuilles (le chêne, qui rappellent la ma-nière italienne, et dont on peut voir, en plein Paris, un fort bel échantillon appro-prié au goût français, — à l’hôtel Lau-zun. Ces peintures sont malheureuSement en très mauvais état ; le salon qu’elles décorent avait été habité par Mme de Maintenon. Ne quittons pas le château de Ver-sailles sans annoncer qu’on peut y voir, entré tout récemment, un intéressant portrait (le Min, Campan, peint par Joseph Boze en 1785. C’est une bonne fortune pour le Musée, qui ne pouvait, jusqu’ici, la montrer que fort âgée, sur une toile assez quelconque. Ajoutons, enfin, ceci : les salles (le l’At-tique Chimay et de l’Attique du Midi ont été rouvertes récemment : on y peut étudier, à l’aide de nombreux portraits et de très intéressants documents, l’his-toire de France depuis 1789 jusqu’en 1870. Divers changements dans la pré-sentation ont été opérés depuis 1914, et plusieurs acquisitions récentes sont ex-posées. Une salle, non encore aménagée, est située tout au bout de l’Attique du Midi : la Conservation y a placé, provi-soirement, un certain nombre de toiles relatives à la guerre de 187o-1871 et au Gouvernement de Thiers, ainsi que divers portraits de cette époque. • • • A LA BIBLIOTlie;QUE. — La Biblio-thèque municipale (le Versailles ren-ferme des trésors charmants et peu con-nus ; son illustre voisin, le Château, accapare trop exclusivement l’attention des touristes. Et pourtant, il y a là le délicieux buste » de femme par Caffiéri, les dessus de portes peints en 1770 par Van Blarenberghe, les gouaches de Mo-reau, des reliures splendides, des boise-ries, toutes les belles choses qui datent (le la fondation ou celles qui furent de-puis rapportées dans l’ancien hôtel des Affaires Étrangères du Roi construit en 1761 par Berthier, devenu en 1799 la Bibliothèque de la ville et dont la porte s’ouvre si magnifiquement sur la rue Gambetta. Le budget de ce superbe établissement est insignifiant, et pourtant le visiteur qui ne l’avait point vu depuis 1914 de-meure étonné des accroissements sur-venus c’est que nombre de bibliophiles et aussi de collectionneurs s’y intéressent de la façon la plus généreuse et la plus continue : par exemple, la comtesse (le Gramont, qui ne cesse d’ajouter des livres ou des souvenirs à la salle consacrée à Port-Royal et à Mm.’ de Maintenon ; ou encore MM. Fromageot et Couderc, celui-ci ancien fonctionnaire dans la maison, celui-là amateur distingué qui s’était retiré à Versailles ; tous deux léguèrent à la Bibliothèque le meilleur des objets amoureusement amassés pen-dant lem: longue carrière de chercheurs. C’est à eux que l’on doit ces beaux meu-bles qui viennent de permettre l’instal-lation d’un grand salon au milieu des salles (le lecture : une importante com-mode en marqueterie, un bureau, (les fauteuils, et surtout une merveilleuse harpe ornée de peintures délicates et portant la signature