LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE 211 L’ESCARPOLETTE. (TAPISSERIES DE secrn BARBARA). et ne font pas exprès de n’avoir pas de talent. La plus grande passion, en somme, de Goya, et on peut bien dire la seule, c’est la peinture. Elle est le mobile de tous ses actes, la préoccupation de tous ses moments. Et nous tenons ainsi, autant que cela du moins est possible, la raison de cette merveilleuse diversité que nous trou-vions tout à l’heure à signaler dans son oeuvre. Si nous passons, en effet, à ces extraordinaires tapis-series qu’on croira toujours revoir sur les parois circu-laires du Petit Palais, même quend elles auront depuis longtemps réintégré les Palais royaux de l’Espagne, nous voyons Goya aussi passionné dans la joie, dans l’abandon, qu’il l’était dans la gravité, dans le galant respect de la femme, ou dans la colère philosophique. Il a ici la gaieté, l’entrain d’un enfant lâché en plein dans la campagne pour une belle partie de plaisir. Les fêtes, les noces, les aventures galantes, les scènes popu-laires, les épisodes de la vie rustique, tout cela l’a enchanté à voir et à peindre. C’est, songez-y bien, un jeune homme de vingt-six ans qui commence cette pres-LES LAVANDIÈRES. tigieuse série, Mais ce qui n’est pas moins surprenant, c’est que c’est un homme de quarante ans qui l’achève ! En revenant d’Italie, la recommandation de son maître Raphaël Mengs lui vaut la commande de ces cartons. (Disons en passant que l’on s’expliquera toujours non sans peine qu’un tel maître ait eu un tel élève, et réci-proquement.)Et de 1772 à 1791 il poursuit, sans faiblir, et aussi sans changer, cette série de quarante composi-tions, toutes débordantes de verve et de vie. Le premier carton est terminé en 1776; c’est le Déjeuner sur l’herbe; les autres suivront avec une régularité que l’on s’obstine à n’attribuer qu’aux gens bien sages. La manufacture royale de Santa Barbara, il faut le reconnaître, se montre traductrice exceptionnellement habile et heu-reuse des modèles du peintre. Il y a là un mystère dont on n’ose donner comme explication que les Espagnols, un siècle et demi auparavant, avaient à peine quitté leur 41 colonie » d’Arras?… Je vous donne cette hypo-thèse pour ce qu’elle vaut. Quoi qu’il en soit, vingt-quatre de ces pages sur les FIND ART DOC