La collection d’estampes modernes formée par M. Alfred Beurdeley et qui ne comporte pas moins de trente mille pièces, avait été commencée vers 1885 ; tandis que M. Henri Beraldi dressait à cette époque le bilan de l’estampe moderne, dans ses Graveurs du XIX’ siècle (1885-1892), M. Alfred Beurdeley concevait le vaste plan de réunir, non seulement les oeuvres des maîtres incontestés de l’eau-forte, de la pointe-sèche, du burin, du bois et de la lithographie, mais également les productions émanant d’artistes incompris ou secondaires, complétant dans l’esprit du collectionneur, l’histoire d’un siècle de gravure. La série des ventes de cette collection montrera l’intérêt et l’im-portance d’un tel ensemble digne d’une collection publique ; on cons-tatera avec nous, combien les peintres-graveurs et les graveurs du XIX’ siècle, se recommandent tout d’abord à notre attention, en dehors de leur génie propre ou de leur indiscutable talent, par leur indépen-dance et une originalité bien personnelles ; sans doute comme jadis, il exista au cours du XIX’ siècle, des courants d’idées, des chefs d’école ; le retour au classique, le romantisme, le réalisme, l’impressionnisme, le symbolisme, David, Ingres, Delacroix, Manet, Monet, opposeraient un démenti à une semblable affirmation ; néanmoins, le besoin de s’affranchir de toute tutelle imposée, demeure en quelque sorte la caractéristique du siècle, et reflète en tous cas les inquiétudes, les agitations, les revirements politiques, sociaux et religieux d’une époque fertile en évolutions et en révolutions, auxquelles les artistes ne restèrent pas constamment étrangers, du moins par leurs oeuvres, sinon par leurs actes.