Le Corbusier Expression graphique et picturale par Françoise Bergot. Nature morte au bol blanc ». 1919. l’usure, l’érosion, l’éclatement, etc., et non seulement ont des qualités plastiques éminentes mais aussi un extraordinaire potentiel poé-tique » (2). Enfin Le Corbusier arrive à une libération complète du contour avec les études de femmes, le corps féminin se prêtant à l’arabesque, à l’outrance, à l’exagération de la forme, bien loin des premiers dessins puristes, mais là encore la combinaison des lignes intervient souvent dans des groupes où l’espace tient autant lieu d’élément décoratif. L’apparition de la couleur : aquarelle ou pastel, la qualité de la matière, sa fluidité ou sa matité afin de donner au trait plus de légèreté ou de pâte complètent tout un langage qui ne se réduit plus uniquement à la ligne. L’utilisation de la couleur va connaître aussi plusieurs étapes. Le Corbusier va d’abord peindre ses tableaux puristes en tons neutres, sobres, assez chantants qui ne se heurtent pas mais s’harmonisent, tons souvent éteints ou denses des premiers tableaux. La Cheminée 1918 (Fondation Le Corbusier. Paris), les Natures mortes avec violons et piles d’assiettes (Musée de Bâle. Ancienne collection La Roche et Musée d’Art Moderne de New York) aux tons rouges et marrons foncés, la Nature morte à l’oeuf (Fondation Le Corbusier. Paris) où finalement la couleur n’est qu’un fond d’orchestre pour accompagner la ligne. Le maniement de la couleur est plus dominé, plus séduisant dans la Photos Lucien Hervé. série des « Bouteilles ». Deux bouteilles. 1926 (Fondation Le Corbusier. Paris). Trois bouteilles 1926 (Fondation Le Corbusier. Paris) toiles des années 26 à 28 sur lesquelles on retrouve un réel souci d’harmonie et surtout une liberté, un abandon plus grands que précédemment tout en restant dans les limites d’une construction rigoureuse. Après, seulement, Le Corbusier entreprendra des recherches de lignes de force et de contours plus nets, plus graves, tableaux des années 28-29, Composition avec la lune 1929 (Fondation Le Corbusier. Paris). La lanterne et le petit haricot 1930 (Fondation Le Corbusier. Paris), série des lutteuses, contemporains de recherches purement linéaires et géométriques : Saint-Sulpice 29-31 (Collection Le Corbusier). L’intro-duction d’éléments de la vie : femmes, cordages, bateaux, témoignages d’un séjour heureux à Arcachon : La pêcheuse d’huîtres, 1935 (Fondation Le Corbusier. Paris). Femme, cordage, bateau et la porte ouverte, 1935 (Donation La Roche. Musée de Bâle) inaugure une peinture de masses, de rapports de formes et de volume. L’usage systématique de la couleur comme moyen d’expression picturale pour des compositions mi-abstrai-tes, mi-figuratives faites de la juxtaposition de certains thèmes et objets d’usage, lanternes, portes, clés et figures humaines commen à apparaître. Il faut cependant signaler la volontaire retraite Le Corbusier en face des artistes, ses contemporains, mise à part u amitié profonde avec Fernand Léger.