Peintres et sculpteurs de Milan par Gillo Dorfles. Lucio Fontana. ■■ Concetti spaziali ». Balderi. « Colonne ». 1962-63. Comme on le sait, la lutte pour la primauté culturelle est depuis longtemps fort vive entre Rome et Milan. Si Milan indubitablement bat Rome dans le secteur de l’édition, de la presse périodique, du théâtre lyrique, à son tour, la capitale politique bat la « capitale morale », dans le secteur de la littérature et de la critique littéraire. En ce qui concerne le secteur des arts plastiques, Milan constitue sans aucun doute le plus grand centre architectonique de la péninsule. La majeure partie des grands architectes et designers italiens (de Nizzoli à Gardella, de Ponti aux BBPR, de Zanuso à Albini, de Vigano à Man-giarotti, de Figini et Pollini à Magistretti, etc.) résident et travaillent dans la capitale lombarde. Par contre, dans le domaine de la peinture et de la sculpture, on peut parler d’une oscillation continuelle entre les deux villes, qui se disputent la primauté. De toute façon, Milan surpasse Rome par le nombre et l’importance des galeries d’art privées, alors que Rome par contre, possède cette Galleria Nazionale d’art moderne dont Milan est encore dépourvue. Il serait néanmoins impossible de parler d’une qualité « milanaise de la peinture et de la sculpture. Désormais trop d’influences réci-proques se développent dans le monde des arts, et il est déjà difficile et souvent ardu de faire la distinction entre un art national et un autre, alors, d’autant plus, entre l’art d’une ville à une autre dans un même pays. En outre, il faut tenir compte qu’à Milan vivent et travaillent des artistes venus de tous les coins de la Péninsule : des Toscans comme Marini, Fabbri, Balderi ; des garçons des Marches comme les frères Pomodoro; des Abruzzes, comme Brindisi et Cascella ; des Napolitains comme Del Pezzo; des Vénitiens comme Vaglieri et Meneguzzo ; des Romains comme Dova ; des Ligures comme Scanavino, Darena, Rossello, et ainsi de suite. De sorte qu’il serait absurde de parler d’un art plus « nordique » à Milan qu’à Rome. L’unique distinction possible, et encore, est celle due à certaines influences extrinsèques. A Rome, par exemple, dans les années pas-sées, l’afflux d’artistes américains résidant dans la capitale pendant des périodes plus ou moins longues, comme de Kooning, Marca Relli, Twombly, etc., eut une importance notoire. A Milan, par contre, depuis l’après-guerre, on a pu remarquer l’évidence de certaines influences françaises et suisses qui donnèrent le signal à l’art abstrait et même au concrétisme et au constructivisme. (Je rappellerai ici l’importance, vers les années 1950, du mouvement néo-concret du MAC, à la tête duquel furent Soldati, Munari, Reggiani, Veronesi et les autres.) 52 Gio Pomodoro. « Incontro al limite ». 1959. Photo Arno Hammacher.