Arp. « Lunar Armor Granit, 1938. Pevsner. Faune marine ». Sculpture, 1944. La collection H. et L. Winston au Musée de Détroit La collection de M. et Mme Harry Lewis Winston, de Birmingham (Michigan), est une des plus belles des Etats-Unis. Elle est actuellement exposée, et pour la première fois en entier, au Detroit Institute of Arts. Il en est certes de plus riches, mais il en est peu de plus exemplaires. Elle est consacrée exclusivement aux artistes d’avant-garde du XX’ siècle. Si l’on peut y regretter certaines présences et certaines absences, il ne faut pas perdre de vue que M. et Mme Winston, amateurs très avertis, sont en droit de différer de nous par leur goût personnel et, d’autre part, qu’ils savent mieux que quiconque que leur tâche de collectionneurs est loin d’être achevée. Ils ne cessent, d’ailleurs, de la poursuivre passionnément. Un simple coup d’oeil au catalogue suffit pour découvrir l’un des prin-cipes directeurs dont s’inspirent les Winston : la plupart des artistes sont représentés par une ou deux oeuvres, rarement davantage. Cela répond aux exigences d’une curiosité très étendue et d’un éclectisme que l’on ne saurait assez louer, sans compter que le choix des oeuvres semble toujours très judicieux. Il est remarquable que cette collection se limite, en gros, au Cubisme, au Futurisme, à Dada et à l’Abstraction. On n’y trouve donc ni Fauvisme, ni Expressionnisme, ni Surréalisme figuratif. C’est ,que ces dernières ten-Boccioni. « Disgracieux ». bronze, 1913. dances, aux yeux de Winston et à juste titre du reste, paraissent fort peu refléter l’immense désir de tout l’art véritablement moderne de devenir autonome ou de le demeurer. Par là, cette collection prend une part active à notre combat quotidien. Il est impossible de citer ici tous les artistes que les Winston ont voulu honorer tant par l’achat des oeuvres que par le plaisir qu’il éprouvent à vivre parmi elles. Ce sont pour la plupart ceux que nous honorons nous-mêmes dans cette revue. M. et Mme Winston vont même jusqu’à posséder, par exemple, un collage de Lissitzky et une fort belle toile cubiste de Maria Blanchard, authentiques raretés. Le catalogue constitue un excellent document, auquel ont collaboré notamment Arp et Pevsner. M. et Mme Winston y ont consigné des réflexions sur leur expérience de collectionneurs, et quand on lit, sous leur plume, cette phrase : « Nous n’avons jamais acquis une oeuvre d’art en vue d’un emplacement particulier dans notre maison et l’avons toujours choisie exclu-sivement pour elle-même e, il importe de cordialement les applaudir, car c’est la seule ligne de conduite des vrais amoureux de l’art. Vue d’une des salles abritant la collection Photo Alexandre Georges). Léon DEGAND.