Ses premières oeuvres datent de vingt ans. Ce sont les portraits de la mère et du père de l’artiste. Entre 1930 et 1935 se situent « Les Bourgeois de Paris », « Le Cirque »,  » L’Abyssinie », « Le Couronnement » (celui du Roi d’Angleterre), » La Pkta »,  » La Plage »,  » Le Mariage ». et  » Le Six Février ».  » Les Prisonniers » et « Les Décorés » ont été achevés entre 1938 et 1939. Ces oeuvres sont des jeux de massacre d’un esprit parodique. Comme Rouault à l’époque de ses lointains débuts, Lorjou se fait les dents et jette sa gourme. Il donne libre cours à sa hargne et dresse contre son siècle un réquisitoire d’une atroce vérité. 1942 : « La Chatte allaitant ses petits ». Cette mère est une bête empruntée à quelque Apocalypse. Elle revêt une valeur de symbole. 1944 :  » Déportés ». Ces écorchés sinistres, toutes tripes dehors, évoquent les figurent tombales du XVIe siècle : squelettes et corps mangés aux vers. Parmi les toiles marquantes de l’époque d’après/guerre on mentionnera « L’Assomption » (1946), Le Miracle de Lourdes » (1947), » La Chasse » et  » La Naissance du Peintre » (1949). Lorjou aborde maintenant les grands formats et donne la mesure exacte de son talent d’artiste monumental. Il renouvelle la peinture religieuse en la dramatisant et en l’huma/ nisant. Mais peu nombreux sont les membres du clergé qui apprécient le sens de son effort. Le  » Miracle » a été qualifié d’acte sacrilège et de profanation. Les mauvais juges qui ont tenu ces propos connaissent/ils seulement le  » Christ aux Outrages » de Hiéronimus Bosch et le  » Christ en Croix » de Grunewald? La  » Chasse » qui a été le point de mire du Salon Automnal a fait l’objet de polémiques ardentes. Le public et la presse semblent avoir compris la puissance explosive de cette composition dont les couleurs éclatent en rutilantes fanfares et dont les lignes brisées forment une ronde frénétique. Les noms de Rubens et de Delacroix ont été prononcés par certains écrivains devant cette mêlée de cavaliers sauvages montant des chevaux cabrés et d’animaux féroces. T,orjou qui n’est ni un Baroque ni un familier des Musées de peinture songe plutôt aux reliefs assyriens qui relatent les exploits guerriers d’ Asarhaddan et d’Assurbanipal. Mais ses scènes situées hors du temps ne sont pas des fictions ou des produits d’une im, gination morbide et déréglée. Elles plongent leurs racines dans la vie et acquièrent une présence que n’ont pas et n’auront jamais les faits divers peints par André Fougeron. Lorjou est aussi un peintre de natures mortes. Le Musée National d’Art Moderne a acquis ses  » Canards ». Sa toile la plus récente est un misérable intérieur de cuisine, harmonie de rouges, de jaunes de chrome et de verts/Véronèse. Waldemar George.