L’ART DÉCORATIF vait si bien l’autre jour notre ami M. Benouville — de faire des pièces d’art à dix mille francs; c’est de faire des objets de deux sous des pièces d’art. Le journaliste doit noter, souligner chaque pas fait vers la réalisation de ce programme. Il y risque de se voir confondre avec les courtiers de réclame; mais quand on monte à l’assaut, il faut s’attendre aux balles. Donc, j’avertis le lecteur sans la moindre honte que les trois jolies bourses, la pendule et le chandelier de M. Maurice Dufrène représentés ici, qui sont des objets d’art, et du meilleur, sont en vente dans les belles boutiques, au plus juste prix. Les bourses sont en cuir patiné; le décor se détache en tons morts. Cela est discret, pas rasta; on n’a pas l’air de prévenir l’assistance qu’on tire quelque chose de magnifique de sa poche, avec tout l’or du Pérou dedans. IL,DI I I TI I )IN) CHANDELIER (BRONZE ARGENTÉ) La pendule en bois brun sculpté — je sup-pose du noyer — avec le cadran et le balan-cier en étain est infiniment plaisante. Voilà des formes et de la sculpture sur bois point « pom. pier s, et pas davantage « modern-styl s. Un type de justesse des proportions, d’élégance de la forme et de bon goût du décor. On fait des mu-sées d’art industriel pour fournir des modèles l’industrie; je propose à l’industrie de comman-der des pièces comme celle-là à ceux qui savent les faire pour fournir des modèles aux musées. Ce serait beaucoup plus simple. J’en dirais presque autant du chandelier, si l’illustration faisait mieux comprendre celui-ci. Mais il se prête mal à la reproduction. Autre-ment, j’aurais pu dire le plaisir que peut donner un ustensile de luxe, quand il veut bien n’ètre ni un souvenir de l’époque Louis XV, ni une demoiselle peu vètue, ni un jardin botanique. 124 MUSEY-GRÉV1N.