Ils sont deux ou trois qui ont fait de l’affi-che, en France, ce qu’elle est aujourd’hui ; deux ou trois qui ont tout de même inventé l’affiche moderne (comme les Vox, les Réal, la page d’annonce et l’imprimé publicitaire). Non sans efforts, ni du premier coup : —Il est facile de voir à quelles tendances de la peinture contemporaine se rattachent les premières affiches de Carlu (Monsavon) —les premières de Cassandre (Le Bucheron). Mais maintenant plus rien de tel, l’affiche est un art autonome, et aussi indépendant de la peinture que la fresque, par exemple. La preuve ?… — L’Etoile du Nord de Cassandre. La sardine Amieux de Sepo, l’Aquarium de Monaco, de Carlu. Mais Carlu ne s’en est pas tenu là. Il lui appartenait d’aller plus loin, de créer un style, de mettre au point une conception de l’affiche qui lui soit absolument personnelle. D’abord dans le domaine de l’affiche de théâtre. Je ne sais si l’on se rend bien compte de l’importance de son apport dans ce domaine, à quel point il est nou-veau et original. Carlu, par les seuls moyens propres à son Art (ligne, forme, couleur), nous donne la synthèse d’une pièce, synthèse qui nous touche, à la fois, et réjouit nos yeux, qui satisfait du même coup nos esprits, nos 4.1“1.111,11 ■1111111- e• 1111111 sens et nos coeurs. Feu du Ciel, Carine, La folle du logis, où Carlu a su joindre au sens graphique le plus sûr, ses dons d’intelli-gence et de sensibilité, sont, à ce point de vue, d’admirables réussites. Et cette savoureuse combinaison de qualités si diverses et qu’il nous est si rarement donné de rencontrer unies, cette toute nouvelle formule de l’affiche, qui n’appartient qu’à lui, nous la retrouvons, plus dépouillée encore et pour ainsi dire à l’état pur, dans quelques-unes de ses dernières créations : L’affiche du théâtre Pigalle. La récente couverture du Gebrauchsgraphik (la revue allemande d’art graphique). L’affiche, enfin, de l’Exposition de l’Union des Artistes modernes, qui, en place de l’inévitable palette, de la non moins inévitable équerre, outils matériels de l’artiste, nous présente, en une composition admirablement plastique, ses outils intellectuels : la forme et la couleur. Et il me semble curieux de noter que dans chacune de ces trois oeuvres, particulièrement représentatives, se retrouvent les couleurs du prisme. Jean Carlu peint sous le signe de l’arc-en-ciel. :165