place, puis à l’exposi-tion de la Sécession, ils nous furent montrés à Paris, au Salon d’Au-tomne, où ils causèrent une vive surprise. Ils valurent à leur auteur la commande d’une dé-coration pour le Palais de Justice de Barce-lone. M. Sert s’en acquitta sans détourner sa pen-sée de son maître ou-vrage. Il s’acquitta pareillement de la commande d’une déco-ration pour le péristyle de la salle de bal du marquis d’Allela. Il promit en outre d’exé-cuter une frise pour le grand salon de Mn. la princesse de Polignac. Ainsi s’accorda-t-il d’interrompre son tra-vail principal au profit de travaux adventices, plus vite réalisables, réussissant à moins de frais et qui le délas-sent sans l’absorber. C’est à la cathédrale de Vich que le béné-fice en revient finale-ment, du reste, car, exerçant les mêmes procédés sur divers thèmes, M. Sert l’avantage de tout ce qu’il acquiert en marge d’expérience technique. JOSÉ-MARIA SERT C’est sous l’invocation-de Tintoret que l’àrt de M. Sert se placerait le plus volontiers. Son éclat, son franc-jeu, sa munificence, rendent à l’envi témoignage de la sympathie qu’il éprouve pour le grand maître vénitien. Mais sa filiation la plus directe est celle qui le rattache aux sculp-teurs espagnols dits a baroques » des xvit° et xvin° siècles. En effet, moins rapide à s’envoler que les vénitiens, moins habile qu’eux à se dépouiller, il ne se dégage jamais entièrement du réel, auquel il mélange l’idéal dans une formule tout à fait baroque ». M. Sert est d’ailleurs catalan et sou-33 cieux de se maintenir en accord avec l’esprit de sa race. Il ne prétend pas aux gnices, aux légèretés de main, aux subtiles sensibilités françaises. Il est accentué, très arrêté, très affirmatif. Il vise à s’im-poser plutôt qu’à séduire. Il excède volontiers les mesures-humaines. Sa façon de prendre les choses est épique, héroïque et n’eût d’analogue chez. nous qu’au temps où Le Brun romanisait notre école. Il aime à tel point la pompe et le faste qu’un désé-quilibre en pourrait résulter s’il n’était foncière-ment architecte. Mais il a trop l’instinct hiérar-chique pour vouloir se suffire à lui-même. Il veut avant tout obtenir un ensemble logique selon la loi que les lieux lui dictent et à laquelle il subordonne tous ses gestes. Ce qui met à part M. Sert dans la profonde anarchie moderne, c’est un sentiment des ensem-