SEPTEMBRE 1902 opinions se révèle la gêne d’esprits cri-tiques tyrannisés par le besoin de classement, et ne sachant qu’appeler déroutant ou variable l’artiste dont ils ne saisissent pas les carac-tères individuels et les rapports avec son temps. Généralement les comptes rendus aimables des Salons et des expositions par-ticulières situent M. Blanche auprès des intimistes récents, à quelque distance de MM. Helleu , La Gandara, Prinet, Aman-Iran, parmi les modernistes délicats ayant cherché l’expression de la physionomie contempo-raine en dehors des procédés et de la vision des impressionnistes. Il ne me semble pas avoir jamais lu, parmi tant de citations flat-teuses au cours des articles de la critique actuelle, un jugement qui fit ressortir avec netteté le caractère que je trouverai l’essentiel chez cet artiste dont on a beaucoup parlé sans en dire grand’chose : j’entends la té-nacité rare, la lente, la patiente construction logique d’une personnalité assez richement douée de sensibilité et de goût pour impro-viser avec charme, mais se condamnant à un travail ardu, méthodique, à une énorme série d’études, pour donner à cette sensibi-lité et à ce goût une secrète assise. L’élégant, l’amateur, le mondain,- je pense y découvrir un travailleur à l’esprit extrêmement sérieux, un homme sans cesse inquiet d’apprendre, PORTRAITS DE LA FAMILLE VIELE-GRIFFIN jamais satisfait, et pénétré du respect des maintes- , un homme dédaignant le succès pour arriver à se contenter soi-même, avec une obstination et une modestie sincère un homme enfin travaillant pour se persua-der de plus en plus que le travail n’a pas de fin, et craignant de perdre avec lui la raison essentielle de vivre. NI. Jacques Blanche a quarante ans, et il expose depuis 1882, avec une constance, une unité de recherches techniques et une puissance de production qui sont on ne peut plus a professionnelles s et a inélégantes s. Ses premières influences furent celles de 223